Vivre à l’étranger

Vivre à l’étranger

Lorsque nous nous lançons dans une nouvelle aventure, nous sommes ravis, nous imaginons les choses toujours faciles et parfaites.

Même si notre entourage essaye de nous mettre en garde sur les difficultés éventuelles que nous pourrons rencontrer, notre imagination et notre excitation sont plus fortes que tous les conseils pratiques.

Souvent nous ne voyons pas à l’avance les inconvénients de la réalité qui n’est pas toujours cool et funky comme elle s’était présenté dans nos rêves.

Il faut distinguer les aventures que nous vivons pour de courtes périodes, comme celles des voyages par exemples, qui nous permettent de nous confronter avec des réalités différentes, des cultures différentes, des paysages magnifiques et des lieux enchantés, de la nourriture exotique. Même pour vivre tout ça pour quelques semaines, il faut avoir un esprit ouvert et une grande capacité d’adaptation !

J’en ai entendu des histoires de gens qui pensent êtres de grands voyageurs et qui finissent pour aller chercher la nourriture de leur pays dès qu’ils trouvent le premier restaurant de chez eux à proximité.

En effet il n’y a pas de règles qui valent pour tous. Sans aucun jugement je voulais juste arriver à faire comprendre à quel point un vrai changement de vie dans un autre pays à l’étranger peut être une aventure bien plus grande que vivre un voyage normal.

J’ai fait plusieurs voyages dans ma vie mais pas encore assez pour mes goûts, j’aimerai en faire encore beaucoup.

Sans doute les voyages qui m’ont marquée le plus étaient ceux où j’ai passé plusieurs mois dans un lieu où l’expérience a pu s’ancrer profondément en moi et m’a permis d’explorer, non seulement toute la beauté liée à la culture et aux paysages différents, mais qui m’a surtout donné la possibilité de me connaître encore plus en profondeur dans des circonstances hors contexte que je n’aurais pas pu connaître autrement si j’étais restée à la maison.

Venons-en au déménagement à l’étranger. Pour moi tout a commencé comme si je partais pour un nouveau voyage aventureux.

Je suis arrivée en Suisse pour rendre visite à un ami qui est devenu ensuite mon époux et le père de mes enfants.

Jamais j’auras pensé que j’y serai restée une si grande partie de ma vie.

Bientôt je fêterai 20 ans de résidence en Suisse.

Comme je disais je suis arrivée avec ma valise et plein d’énergie afin de vivre une nouvelle aventure avec mon amoureux.

Au début tout était facile et rigolo, l’histoire d’amour, la découverte, l’admiration des lieux enchantés, les montagnes, la nature sauvage et majestueuse, la neige, le lac, les arbres !!

J’étudiais pour terminer mon diplôme universitaire en Italie et donc les premiers mois ont passés rapidement. De plus je commençais à connaître tous les amis et collègues de mon mari, toute la communauté liée à son travail et à participer aux évènements, aux sorties entre amis, aux fêtes.

C’était une chouette aventure sur tous les points de vue.

Le jour est arrivé où j’ai décidé de rester vivre en Suisse. J’étais aux étoiles !!

Chaque rêve qui se respecte a aussi une autre facette qu’on n’a pas considéré à l’avance, car parfois on s’embarque dans un beau projet sans trop penser aux conséquences. Je me réfère à certains aspects de la vie privée et professionnelle que je n’avais pas trop considérée, voir même sous-estimée.

La première année est souvent considérée comme une période d’adaptation où l’on vit le fameux « choc culturel » défini comme un sentiment de confusion qui résulte de l’expérience soudaine d’une culture avec des coutumes qui ne vous sont pas familières.

J’avoue que c’est vrai, même si quand j’ai vécu ça en première personne je me disais : « je souffre, j’aimerais vite rentrer chez moi, j’en ai assez de me sentir en défaut, d’être considérée comme différente, de devoir me battre pour me faire connaitre, comprendre, apprécier, respecter » !

Naturellement lorsque nous vivons chez nous, nous devons aussi nous confronter à la société et à faire face à la réalité et aux difficultés de chez nous, mais dans une autre société étrangère la chose se complique, car les différences sont multiples :  langue, coutumes, culture, habitudes ; les efforts pour se faire accepter représentent le double et en plus il n’y a personne qui vous connait, qui peut donner des références.

Pendant la première année de ma nouvelle vie en Suisse, j’étais considérée comme une immigrée venant d’Italie « pour vivre auprès du conjoint », ah oui en effet c’était lui le garant avec son compte bancaire, son travail, son domicile !

Cette définition je la portais comme un timbre qui n’était pas marqué seulement sur mon permis de séjour pour étrangers mais aussi sur mon cœur. Il affectait à ma fierté de femme libre et indépendante, car je ne voulais pas être à ce point dépendante de quelqu’un d’autre, même de mon mari.

Je me suis toujours considérée comme une personne autonome et responsable pour moi-même, capable de trouver un travail et gagner de l’argent.

Ma mission était devenue chaque jour de m’investir, afin de trouver un travail.

J’avais un diplôme universitaire en droit international, je parlais 4 langues étrangères, dont l’allemand et j’avais plein d’aspiration à travailler dans le milieu international de l’ONU ou des ONG. Puis j’ai dû me remettre en question en m’adaptant aux circonstances et aux offres du marché du travail qui à l’époque me considérait surqualifiée en tant qu’immigrée.

Grace à ma capacité à trouver des solutions sans tomber dans l’auto-commisération et dans le rôle de victime tout court, je me suis inscrite à un cours d’anglais où j’ai connu un jeune manager qui travaillait dans une société américaine à Genève. Il m’a conseillé d’envoyer mon cv aux ressources humaine de son entreprise, car ils cherchaient une assistante RH.

Je serai toujours reconnaissante à l’égard de cette personne qui m’a aidée et motivée à me mettre en action et vis à vis de la compagnie qui m’a concrètement donné cette opportunité. Elle m’a ensuite permis d’ouvrir les portes du marché du travail et m’a rendu crédible pour la société Suisse.

Mon expérience professionnelle a été assez précaire au début, car mes contrats étaient toujours de durée déterminée ou des missions temporaires que j’acceptais pour montrer mon côté respectueux, d’adaptation. Je n’avais pas trop de prétentions, une fille sage qui ne dérange pas, qui travaille dur, car elle ne voudra jamais dépendre du système ou de qui que ce soit.

Mes idées, mes croyances que j’avais développées dans mon passé me portaient à croire que garder un profil bas était la meilleure des choses à faire, afin de m’intégrer et de me créer une place personnelle et professionnelle.

Le problème est que les années ont passé et les expériences professionnelles que j’avais vécues ne me correspondaient plus vraiment. A un moment donné j’ai commencé à m’interroger sur les raisons pour lesquelles j’occupais des postes qui ne me valorisaient plus en tant que professionnelle, où je ne me sentais pas à ma place.

Devant m’occuper de mes enfants et n’ayant pas eu d’aide de ma famille basée en Italie, « j’ai dû travailler à temps partiel » c’est la phrase que je me suis répété plusieurs fois dans ma tête pour me justifier le fait que j’avais accepté des positions dans l’administration, même si par éducation, formation et expériences, j’aurais pu avoir des positions de responsable.

Cependant je ne me suis pas assez mise en valeur pour m’accorder ces rôles, par manque d’estime de soi et je me suis retrouvée à vivre la frustration et à devoir trouver la façon de devenir plus responsable de moi-même et de mes choix, apprendre à mettre des limites, à dire non, lorsqu’un job ne correspondait pas à mon profil.

Parfois il faut prendre des risques !

Aujourd’hui avec la distance de temps, avec le recul, je peux dire que j’ai fait un long chemin d’apprentissage qui m’a amenée à trouver un emploi qui me plait, que je fais avec amour et passion depuis des années dans un cadre qui me correspond parfaitement bien.

Je suis fière de mon parcours et d’avoir trouvé la force de me remettre aux études pour m’ouvrir à d’autres possibilités.

Maintenant je ne sais pas combien de temps ça va prendre d’arriver là où je veux être. J’ai clairement une vision claire dans mon esprit et je travaille dur pour sa réalisation.

Je suis déterminée à persévérer avec motivation et jamais je n’assujettirai le choix de ma vie et de mon destin à quelqu’un d’autre.

Nous avons toujours le temps de changer de direction si nous nous apercevons que là où nous sommes en ce moment, n’est pas le bon endroit ou que ça ne nous convient plus.

J’espère que mon témoignage pourra vous motiver à lutter pour vos rêves, à rêver grand, à imaginer et à vivre déjà en positif les résultats que vous voulez obtenir dans votre vie sans oublier de mettre aussi en comptes les inconvénients.